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Intervention de Jacqueline Fraysse

Réunion du 22 juin 2009 à 21h30
Création d'une première année commune aux études de santé — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

L'autre question est celle de la réorientation, qui certes est indispensable, mais dont les modalités prévues par le texte sont préoccupantes. On peut en effet se demander, finalement, si les gâchis de la première année de médecine ne seront pas transférés sur les autres filières, la fac de sciences par exemple.

Quant à l'indispensable accompagnement des étudiants, notamment ceux issus des milieux modestes, vous parlez du plan « Réussir en licence » sans qu'aucune disposition concrète ne figure dans le présent texte. Vous n'envisagez pas de débloquer des crédits supplémentaires, mais de prendre sur les crédits déjà votés, autrement dit sur ceux des autres filières.

Quant à la préoccupation légitime de lutte contre l'uniformisation des profils étudiants de la filière, les quelques mesures proposées par le texte ne risquent pas de modifier la situation. Je rappelle que plus de 92 % des étudiants inscrits en première année de médecine ont obtenu un bac scientifique. Une ouverture à des profils différents serait pourtant un apport incontestable.

Néanmoins la réorientation que vous proposez s'opérera après les examens du premier semestre, donc sur des évaluations de matières scientifiques, ce qui continuera d'écarter tous les profils dits « humanistes », profils que vous intégrerez ensuite selon des critères flous et très discutables au regard de la difficulté du concours de première année.

Autrement dit, je veux montrer le caractère contradictoire de ces deux mesures, dont ni l'une ni l'autre ne règle les problèmes posés.

J'ajoute que l'uniformisation des étudiants en médecine ne concerne pas uniquement le caractère scientifique de leur parcours. Elle concerne aussi, j'y insiste, leurs origines sociales. Les études statistiques montrent que seuls 9 % d'entre eux sont issus des catégories populaires.

Bien sûr, plusieurs facteurs expliquent cette situation, mais, parmi eux, il faut souligner que ces études difficiles demandent un investissement total, ce qui en interdit l'accès aux étudiants salariés, et qu'elles sont onéreuses, d'autant que, dans leur organisation actuelle, elles exigent de plus en plus souvent de suivre des cours payants pour avoir une chance de réussir.

Force est donc de constater qu'une fois de plus, les objectifs affichés en resteront, pour l'essentiel, au stade des bonnes intentions, faute d'avoir le courage d'affronter les questions de fond, tant sur la sévérité du numerus clausus – au regard de la situation réelle de la médecine moderne et des besoins recensés – que sur les moyens dégagés pour sa mise en oeuvre dans l'intérêt des étudiants.

Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas approuver ce texte. Nous nous abstiendrons. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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