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Intervention de Jacqueline Fraysse

Réunion du 30 juin 2008 à 22h00
Règlement des comptes et rapport de gestion pour 2007 — Santé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Les syndicats évaluent cette diminution à 357 emplois équivalents temps plein en un an, situation qui va encore rapidement s'aggraver en raison des départs massifs à la retraite à partir de 2010-2015.

Pourtant, s'ils étaient en nombre suffisant, les médecins de santé scolaire pourraient mener une action très significative auprès des jeunes dans des domaines aussi sensibles que la lutte contre les addictions, la sexualité ou la nutrition.

Quant à la santé des étudiants, le rapport de notre collègue Laurent Wauquiez, indiquant en 2006 que près de 15 % des étudiants renonçaient à un soin optique ou dentaire faute d'argent, montre encore les efforts à fournir.

La santé publique et la prévention passent aussi par tous les autres secteurs d'activité médicale – je pense notamment aux centres de santé et aux médecins généralistes.

Une grande campagne nationale ne peut porter ses fruits que si elle est mise en oeuvre au niveau local. De ce point de vue, les départements et les communes ont un grand rôle à jouer, qui mérite d'être revisité, en matière tant de responsabilité que de moyens financiers, si nous voulons conjuguer efficacité et égalité de traitement de tous les citoyens.

Les centres de santé, en alliant proximité, pluridisciplinarité et paiement à la vacation, sont des lieux privilégiés pour développer, à côté des soins, des activités de prévention.

À Nanterre, les centres de santé de la ville ont mis en oeuvre des modes d'intervention spécifiques pour expliquer et appliquer le plan cancer que vous avez lancé auprès des populations les plus vulnérables. Ils ont également pris l'initiative d'un plan de dépistage et de soins dentaires auprès des enfants des écoles de la ville.

Or, non seulement ce rôle d'acteur sanitaire n'est pas reconnu aux municipalités et financé comme tel par le ministère de la santé, mais les quelques subventions accordées aux centres de santé, pour les campagnes sur la nutrition, par exemple, ne sont pas pérennes et ne leur permettent pas de développer des actions à long terme.

Quant au médecin généraliste, il devrait être au coeur du dispositif, lui qui connaît la famille et son histoire sanitaire, qui a suivi l'enfant dans son évolution. Bref, sans l'intervention du généraliste, la prévention ne peut pas s'exercer pleinement.

Or les activités d'écoute, d'éducation à la santé, de prévention et de collecte des données épidémiologiques remplies par le médecin généraliste ne sont pas prises en compte dans le paiement à l'acte. Il est donc urgent de travailler sur un autre mode de rémunération, forfaitaire celui-là, pour tenir compte de ce travail essentiel en matière de santé publique.

Enfin, madame la ministre, mes chers collègues, un nouvel obstacle se dresse désormais devant la santé publique : les difficultés que rencontre un nombre grandissant de nos concitoyens pour accéder aux soins. Il faut ainsi attendre trois mois avant d'avoir accès à l'aide médicale d'État et les personnes bénéficiant de la CMU se heurtent de plus en plus à un refus de soins. À cela s'ajoutent les dépassements d'honoraires, les forfaits, les franchises, les déremboursements, dont la charge est devenue insupportable pour beaucoup de nos concitoyens. Je rappelle que 10 % d'entre eux ne bénéficient pas d'une couverture complémentaire.

La santé publique, c'est à la fois l'éducation, la prévention, le dépistage et le traitement précoce, avant que la maladie n'atteigne l'entourage du malade contagieux, y compris dans les lieux publics, et qu'elle ne s'aggrave. Supprimer les obstacles à l'accès aux soins relève donc également de la prévention et de la santé publique. C'est une question de cohérence.

Les grands plans médiatiques, s'ils ont leur utilité, ne suffiront pas sans mesures de fond, certes plus discrètes, mais tellement plus efficaces sur le long terme. Elles exigent, bien sûr, davantage de moyens que ceux dont nous disposons aujourd'hui. Ceux-ci sont à la portée de notre pays, pourvu qu'existe la volonté politique d'affirmer des choix au service de tous. Notre gouvernement en aura-t-il le courage ?

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