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Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 27 octobre 2010 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2011 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarisol Touraine :

…à bout de souffle, cherchant à préserver les acquis des découvertes économiques et technologiques sans être suffisamment à l'offensive sur le terrain de l'innovation. Je pense à l'industrie pharmaceutique, qui aurait, elle aussi, besoin de découvrir de nouvelles molécules.

Au-delà de la recherche de nouvelles recettes, il est temps d'engager des réformes de structure. Ne nous faites pas croire, madame la ministre, messieurs les ministres, que vous avez vous-mêmes engagé la maîtrise médicalisée. Il suffit de lire les annexes du PLFSS consacrées aux programmes de qualité et d'excellence pour s'apercevoir que l'impact de la maîtrise médicalisée reste très limité. L'essentiel du redressement avant la crise tient à des augmentations de prélèvements et à une diminution des remboursements. Madame la ministre, vous et les rapporteurs nous racontez une très belle histoire, celle du redressement par la maîtrise médicalisée : elle n'a que l'inconvénient d'être fausse. Les caisses se sont un peu remplies avec les déremboursements, mais cela ne permet pas d'avoir une vision d'avenir sur le système de santé, vision d'avenir dont les Français ont besoin.

En effet, nous avons collectivement à relever un certain nombre de défis : défi des déserts médicaux, que risque d'aggraver la diminution de 20 % du nombre de médecins dans les quinze ans à venir ; défi des atteintes à la santé du fait des environnements de vie, et d'abord des conditions de travail, qui sont à la source des inégalités de santé ; défi des maladies chroniques, de plus en plus importantes, comme le cancer, le diabète, les maladies mentales ou cardio-vasculaires, que nous savons aujourd'hui mieux prévenir, mieux dépister et soigner, mais qui nécessitent un suivi continu des patients que notre organisation ne sait pas toujours bien assurer.

Pour faire face à ces défis, nous pensons qu'une réforme de l'organisation des soins est nécessaire. Malheureusement, la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » n'a pas permis de répondre à cette exigence. Nous avons besoin d'améliorer tout à la fois la qualité des soins dispensés aux Français, les conditions d'exercice des professionnels et l'efficacité de nos dépenses. L'objectif est que les inégalités face à la santé soient réduites et que l'amélioration de la prévention soit effective.

À cet égard, contrairement aux idées reçues, il reste beaucoup à faire : seul un tiers des patients diabétiques reçoit des soins de prévention conformes aux bonnes pratiques ; la moitié seulement des femmes de cinquante à soixante-quinze ans, employées ou ouvrières, bénéficie du dépistage organisé du cancer du sein alors que l'on sait qu'il est extrêmement efficace ; les inégalités territoriales s'accentuent, il y a 50 % de médecins de plus en Île-de-France ou en Provence-Alpes-Côte-d'Azur qu'en Picardie ou en Normandie ; la permanence des soins le soir ou le week-end n'est plus assurée partout ; les refus de soins demeurent ; les dépassements d'honoraires explosent – vous n'avez qu'à demander autour de vous, les gens ne font que parler du coût des consultations.

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