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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 20 janvier 2011 à 15h00
Garde à vue — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Je n'en rajoute pas, mais laissez-moi ma liberté de parole. Si vous voulez vous aussi nous empêcher de parler, je pense que cela va tourner au vinaigre.

Quand il y a de grands débats de société, et celui sur la garde à vue en est un, les clivages dans notre pays ne sont pas nécessairement les clivages habituels. Nous avons connu cela dans les grandes périodes de notre histoire du XXe siècle.

Tout à l'heure, il était question de rendre raison, si j'ai bien compris. Rappelez-vous les débats entre Jaurès et Barrès. Je serais à votre place, monsieur Garraud, je mesurerais la portée de mes propos vis-à-vis de Claude Goasguen. Quand il s'agit de défendre nos libertés fondamentales, les lignes peuvent bouger. Si nous avons une telle discussion, c'est parce que le Conseil constitutionnel a mis le Gouvernement en demeure, mais pas seulement lui. Nous, la terre des droits de l'homme, nous faisons épingler régulièrement par les instances internationales et en particulier européennes parce que nous ne respectons pas ces droits comme il le faudrait.

Vous expliquiez tout à l'heure, monsieur le ministre, que l'on avait besoin de points de repère alors que, très amicalement, presque affectueusement, Roland Muzeau faisait référence à ce saint homme qu'est Mgr Barbarin. C'est vrai qu'il faut avoir des repères et mieux vaut Mgr Barbarin que Mgr Lefebvre, Jaurès que Barrès, il n'y a pas de doute, cela aide à construire sa route et sa vie. Nous ne sommes ni avocats ni magistrats. Moi, je suis un pauvre instituteur, qui doit enseigner les valeurs fondamentales aux enfants, n'est-ce pas, monsieur l'ancien recteur, monsieur Goasguen ?

Un tel débat est utile. Il y a des extrémistes qui ont la main sur le frein, parce qu'ils n'admettent pas que la France doive rentrer dans le droit commun. C'est ça le fond de l'affaire, et, même si nous ne sommes pas souvent d'accord dans cet hémicycle, je comprends la fougue dont a fait preuve tout à l'heure Claude Goasguen. Il n'en pouvait plus des assauts de M. Garraud, qui veut en fin de compte dispenser le progrès de façon avaricieuse. Or nous devons briller pour l'Europe entière et, d'une certaine manière, laver l'outrage dont vous êtes responsables. Le Conseil constitutionnel a dû intervenir pour que la France retrouve les voies honorables de la défense de la liberté, des libertés fondamentales pour nos concitoyens, et il y a beaucoup à faire.

Il n'y a qu'un point sur lequel j'étais d'accord avec M. Garraud, c'est quand il déplorait qu'il y ait peut-être moins de gardes à vue dans le 16e qu'ailleurs, et je suis sûr que Claude Goasguen sera d'accord avec moi. Là-bas, on a plus de moyens qu'ailleurs, et certaines formes de délinquance sont insuffisamment poursuivies, vous le savez bien, par exemple ce que l'on appelle la délinquance en col blanc. Certes, dans le 16e, il y a moins de jeunes qui tiennent les murs que dans ma bonne ville de Montreuil mais, quand il y en a, les délits sont souvent beaucoup plus consistants. Je n'utiliserai pas comme M. Garraud la formule de double assassinat particulièrement horrible parce que je ne connais que des assassinats horribles dans la mesure où, chaque fois, le résultat est le même : quelqu'un a perdu la vie.

Notre objectif à tous doit donc être de protéger les libertés, de protéger notre assemblée contre les extrémistes qui veulent empêcher le texte d'atteindre les objectifs qui lui ont été fixés.

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