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Intervention de Françoise Branget

Réunion du 16 mars 2011 à 15h00
Droits et protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Branget :

Ce projet de loi doit nous amener à nous interroger en profondeur sur les origines de la forte augmentation des troubles psychiatriques dans notre pays au cours des vingt dernières années.

On observe en effet un quasi-doublement du nombre d'hospitalisations sous contrainte. La France se situe parmi les pays européens où le taux d'hospitalisation des malades sans leur consentement est le plus élevé.

J'en viens à me demander pourquoi notre société engendre plus de malades mentaux que par le passé, alors que nous vivons globalement mieux, grâce au progrès médical. Quelles sont les causes structurelles qui expliquent une telle tendance ?

Pour endiguer cette progression, il faut mener une réflexion globale, qui dépasse le cadre des trajectoires personnelles, et qui doit prendre en compte les grandes évolutions sociales de ces vingt dernières années.

Je pense qu'une des explications principales de ce phénomène réside dans la complexité croissante de notre société, engagée dans un processus de changement culturel, social et économique effréné, qui a favorisé l'émergence de pathologies nouvelles nécessitant une appréhension, et donc une prise en charge, nouvelles.

Je pense en particulier aux activités chronophages générées par les nouvelles technologies de l'information – internet, jeux vidéo – comportant un risque d'addiction évident, ou encore à la consommation croissante de produits psychotropes qui prolifèrent sous plusieurs formes.

À ces nouvelles pathologies doivent être associées des offres de soin diversifiées, autres que l'hospitalisation à temps plein, en prenant soin de distinguer les malades difficiles des malades dangereux.

Cette réforme vise à une meilleure différenciation de la prise en charge de la psychiatrie, et je m'en félicite, tout en ayant bien conscience de la nécessité d'encadrer l'hospitalisation des patients souffrant des pathologies les plus graves pour les protéger et protéger leurs proches.

Mais j'insiste sur le fait que l'approche spécifiquement médicale doit aujourd'hui être accompagnée d'une approche sociale. Ce décloisonnement doit se concrétiser par la mise en place de structures extra-hospitalières d'aide à la réinsertion sociale du patient. Ces structures alternatives au tout-médicament contribuent à changer la vision de la société sur la maladie mentale.

Si notre regard sur le handicap physique et moteur a pu changer, pourquoi n'en irait-il pas de même pour le handicap psychique ?

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