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Intervention de Jean-Paul Fitoussi

Réunion du 25 mai 2011 à 9h45
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Jean-Paul Fitoussi, professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris et directeur de recherche à l'Observatoire français des conjonctures économiques, OFCE :

M. Barnier en avait parlé : pourquoi ne le fait-il pas ? On sait qu'il existe des lobbies, on sait aussi qu'aucun gouvernement ne peut attaquer une agence de notation, par crainte de voir sa note abaissée. Un Président de la République d'un pays de l'Est m'a raconté que, ayant besoin d'un emprunt, il avait fait venir trois agences de notation qui, toutes, ont tenu ce même discours : il y a le tarif normal, le tarif de luxe et le tarif super-luxe. Comprenez ce que vous voulez, a-t-il ajouté…

Il y a d'autres chemins vers le rétablissement d'une hiérarchie normale entre la finance et l'économie, dans laquelle la première soit considérée comme un moyen au service de l'économie, et non l'inverse.

La place du développement durable dans les sommets internationaux, sur laquelle m'a interrogé M. Demilly, a pour l'instant un caractère rhétorique.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, la première solution est de taxer le mal plutôt que le bien, c'est-à-dire, par exemple, de taxer le carbone plutôt que le travail. Mais il faut une harmonisation fiscale, si ce n'est à l'échelle de la planète, du moins à celle des pays qui jouent le jeu ; le Gouvernement français a renoncé au projet de taxe carbone parce qu'elle aurait constitué un inconvénient pour la compétitivité des entreprises françaises, notamment par rapport aux entreprises allemandes. Il s'agit en fait de mettre en place une fiscalité « anti-catastrophe » – l'un des indicateurs que nous souhaitons construire étant précisément celui qui mesurerait la proximité d'un événement catastrophique. Une autre solution, le climat étant un bien public mondial, serait de créer un fonds mondial, dont la mission serait de développer les nouvelles technologies de l'énergie et de l'environnement. Il serait essentiellement financé par les pays riches, et les brevets seraient donnés gratuitement aux pays en développement – car les premiers bénéficieraient du fait que les seconds n'assoiraient pas leur développement sur une consommation énergétique aussi intense que celle qui avait permis leur propre développement.

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