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Intervention de élizabeth Picard

Réunion du 25 mai 2011 à 9h45
Commission des affaires étrangères

élizabeth Picard :

Espérons que Kadhafi tombe bientôt, car pour l'instant « l'effet libyen » est plutôt contraire : la clique au pouvoir en Syrie est encline à montrer les dents pour que de tels événements ne se produisent pas dans le pays.

Vous m'aviez interrogée sur ce que la population insurgée attend de l'étranger. Les manifestants ne réclament pas des armes, car il y aurait alors un pourrissement de la situation qui ternirait leur image, mais un soutien moral et des prises de position au nom du droit international et du respect des droits de l'homme, pour exercer une pression continue sur le régime syrien. Une intervention armée serait un désastre pour le soulèvement syrien.

La manifestation qui a eu lieu le 15 mai sur la ligne d'armistice du Golan n'avait rien de spontané et elle s'est terminée de manière tragique, vingt des Palestiniens amenés en autobus pour entrer sur le territoire du Golan occupé ayant été tués – le tout à des fins de politique intérieure. Profitant de l'évolution en cours dans la région sur la question palestinienne, le régime a tenté de se poser à nouveau, sur la scène intérieure, en militant de la restitution des territoires du Golan, d'une manière à la fois cruelle et inutile.

Depuis deux siècles, des phénomènes démographiques, socio-économiques et culturels poussent les chrétiens du Proche-Orient arabe à émigrer. En Syrie, je le redis, la variété des situations est très grande et, notamment au Nord du pays, des chrétiens ont excellemment profité de l'ouverture économique. Étant donné la situation économique actuelle de l'Europe, ceux-là se disent de plus en plus qu'ils feraient mieux de chercher à rester enracinés dans leur pays, la Syrie, plutôt que de risquer l'émigration catastrophique dans les pays occidentaux qu'ont connue tant de chrétiens irakiens.

Enfin, nous devons prêter une oreille pareillement attentive à toutes les composantes de la société syrienne, par exemple aux militants sunnites traditionnels, conservateurs, religieux et pas particulièrement insurgés, qui ont été systématiquement pourchassés, emprisonnés, torturés, exilés, exclus par le régime de la famille Al-Assad depuis une trentaine d'années. Tous les Syriens ont également droit à la dignité et à la liberté. Tel est le message que nous devons adresser, très fermement, au pouvoir actuel, qui est un pouvoir minoritaire.

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