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Intervention de Olivier Jardé

Réunion du 10 novembre 2011 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2012 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Jardé :

Là, subitement, il n'y a plus personne !

Depuis le début de la législature, nous n'avons cessé de répéter que la question des moyens n'est pas l'alpha et l'oméga de toute discussion sur l'école. (« Absolument ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Sur ce point, la position du Nouveau Centre est claire : l'éducation nationale ne peut pas se soustraire à l'objectif général de maîtrise des finances publiques. Cependant, c'est un secteur particulier qui porte toutes les espérances de notre pays, puisque c'est de lui que dépend le niveau de connaissance et de compétence futur des Français, donc la croissance de notre économie. À cet égard, la portée des coupes sévères pratiquées dans les emplois publics mérite d'être rappelée : celles-ci n'auront permis, au bout du compte, que de bien faibles économies : 0,5 milliard, soit 0,3 % du déficit. À ceux qui jugent que l'enseignement est trop cher, nous demandons toujours quel serait le coût de l'ignorance. Non, la question des moyens n'est pas la priorité. Raison de plus pour s'interroger sur la pertinence de poursuivre dans cette voie, alors que l'on est sur le point de ronger l'os.

À cette réserve près, qui n'est pas négligeable, nous approuvons les grandes lignes du budget pour 2012, c'est-à-dire les 180 millions d'euros consacrés à l'amélioration de la situation financière des enseignants dans le cadre du nouveau « pacte de carrière » mis en oeuvre depuis la rentrée scolaire 2010, le renforcement de l'accueil des élèves handicapés, grâce notamment au recrutement de plus de 4 000 assistants de scolarisation, le développement des internats d'excellence et l'accroissement des marges d'autonomie des établissements.

Les difficultés de l'école, nous les connaissons bien : elle laisse 20 % des élèves entrer en sixième sans maîtriser les fondamentaux et échoue à les faire progresser puisque la même proportion quitte le système scolaire sans diplôme ni formation.

À gauche, on entend un slogan : recréons les postes d'enseignants qui ont été supprimés, sans changer la ligne pédagogique ! Une telle mesure est irréaliste, si l'on ne propose pas de moyens sérieux pour rétablir nos finances publiques. De surcroît, nous répondons, à ceux qui promettent de créer 12 000 postes supplémentaires par an pendant cinq ans, qu'il faudra d'abord résoudre la question de l'attractivité du métier, puisque 1 000 postes n'ont pas été pourvus au CAPES cette année.

Il faut d'abord replacer l'enseignant au centre de la transmission des savoirs, réhabiliter le professeur pour lui rendre le respect qui lui est dû. Puisque le seul objectif qui compte est la transmission des fondamentaux, tous les moyens intellectuels de l'école doivent être dirigés vers ce but simple mais essentiel : garantir la maîtrise de la lecture, de l'écriture et du calcul mental à tous les élèves au moment de leur entrée en sixième.

Je ne peux évidemment laisser de côté la question du collège, puisque c'est à ce niveau que se pose la question des élèves décrocheurs, perturbateurs, que le collège unique a laissés prospérer dans les classes sans remédier au problème. Dans ce domaine, nous proposons qu'il existe un recours effectif. Il faut que la sanction ouvre la voie à d'autres pédagogies, d'autres surveillances, d'autres prises en charge psychologiques.

Par ailleurs, c'est par esprit républicain que nous nous sommes opposés à l'idée d'instaurer des quotas pour l'accès aux grandes écoles ou aux diplômes universitaires : dans un concours, par principe, tout le monde est à égalité. Un pays républicain n'a pas besoin de quotas s'il fait ce qu'il doit faire. Bien entendu, il faut y mettre les moyens. A la question : que faites-vous des élèves en échec à chaque niveau ? nous répondons qu'ils doivent suivre une scolarité de rattrapage adaptée. Cela coûte cher, nous dira-t-on. Certes, mais cela coûte moins cher que 20 % d'échecs sans recours.

Je veux rappeler clairement quelles sont, pour nous, les valeurs qui doivent constituer le socle de la mission de l'école et des enseignants : former des citoyens éclairés par la transmission de connaissances ; instruire, et non éduquer.

Dans notre vision de l'école, il devrait être mis fin aux incessantes réformes successives et les fixer dans le temps une fois pour toutes.

Notre vision de l'école, ce n'est pas celle d'un système décentralisé dont l'unité de base serait l'établissement, mais celle d'un système où l'État définirait les grands objectifs, mais où chaque établissement serait libre et responsable de la manière d'y parvenir en fonction de sa situation locale.

Nous ne voulons pas d'une école conçue comme un service délivré à des usagers.

Notre vision de l'école, madame la ministre, c'est aussi celle d'un nouveau statut des enseignants. Ne nous voilons pas la face, il faudra redéfinir le statut des enseignants, afin d'en finir avec les obligations de service limitées aux seules heures de cours.

Notre vision de l'école, c'est, enfin, celle de l'excellence. Rien ne serait plus dangereux que de céder à la pente et de constamment baisser les exigences : il faut rétablir l'exigence de chaque niveau.

Si nous avons quelques réserves à formuler, notamment sur la question des postes, nous considérons, au Nouveau Centre, que ce projet de budget va dans le sens que j'ai indiqué, et nous y apporterons donc notre soutien. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe UMP.)

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