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Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 13 avril 2010 à 15h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarisol Touraine :

Je tiens à remercier les deux intervenants pour leurs exposés très intéressants.

À vous écouter, il semble qu'une grande partie de l'échec viendrait de l'incapacité d'assigner des objectifs précis à la campagne de vaccination. Si les pouvoirs publics avaient mieux précisé l'objectif recherché, peut-être la suite aurait-elle été moins chaotique. Vous avez bien montré qu'il y avait maldonne dès le départ, quand on s'est arrêté au scénario d'une épidémie combinant la létalité du H5N1 et la contagiosité du H1N1. Cependant, ce scénario était disqualifié dès avant l'été. Pensez-vous que les pouvoirs publics ont eu le sentiment de ne pas pouvoir changer de discours politique ? Comment doit-on gérer l'évolution d'une crise ? N'aurait-il pas été possible d'expliquer que l'appréciation de la situation avait changé et que la politique devait changer en conséquence ?

Ma deuxième question porte sur la capacité à tenir un discours légitime dans une démocratie d'information. M. Houssin nous a expliqué la semaine dernière qu'internet était la cause de la crise, du fait de la diffusion d'informations erronées, mais son existence n'en est pas moins une donnée de fait. Pensez-vous que, dans une telle crise, la mise en réseau des acteurs « traditionnels » – instances ordinales, associations de médecins et associations de patients – suffit ? Est-ce la légitimité de la parole publique qui est en cause, ou celle de la parole des experts ? Si les instances ordinales avaient été impliquées, la communication et la conviction auraient-elles été meilleures ?

Enfin, je m'interroge sur l'idée selon laquelle une société clivée politiquement accorderait une moindre autorité à la parole publique. En France, une forte tradition étatique a peut-être nui à la démocratie au quotidien cependant que les pays du Nord, très démocratiques, connaissent d'importants débats. Notre pays ne paie-t-il pas aujourd'hui le fait de se vouloir de moins en moins étatiste sans s'être doté d'instances de débat public dignes d'une démocratie de l'âge de l'information ?

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