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Intervention de Claude le Pen

Réunion du 13 avril 2010 à 15h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Claude le Pen, professeur de sciences économiques à l'université de Paris-Dauphine :

Je ne suis pas loin de le penser.

Les commandes de vaccin révèlent une stratégie réfléchie – même si l'on ne s'est pas donné les moyens de la mettre en oeuvre. La commande de 94 millions de doses de vaccin s'explique en effet par le calcul suivant : sur 60 millions de personnes, on a considéré que 20 % ne se feraient pas vacciner ; il restait alors environ 45 millions de personnes à vacciner, à raison de deux doses par personne. Pour être cohérent et écouler toutes ces doses, il aurait néanmoins fallu s'y prendre autrement : on ne vaccine pas 45 millions de personnes en les convoquant dans des gymnases le samedi après-midi.

Il y a eu, en fait, deux stratégies : l'une de vaccination de masse, pour les commandes, et l'autre de vaccination élitiste, centrée sur les groupes à risque et non cohérente avec la première – je n'ai, pour ma part, reçu mon bon de vaccination qu'en février, comme certains d'entre vous sans doute. Soit on a commandé trop de doses pour le modèle de vaccination retenu, soit on n'a pas retenu le bon modèle de vaccination pour le nombre de doses commandées.

Par ailleurs, je tiens à insister sur le fait qu'il faudra impliquer à l'avenir les professionnels, par l'intermédiaire de leurs institutions, de leurs organisations, de l'ordre des médecins et des organisations syndicales. Lors de la préparation du plan H5N1, j'ai été frappé par les excellents commentaires des syndicats de pharmaciens et de médecins au sortir de la petite cellule de crise réunie pour l'occasion. Malgré quelques divergences, les travaux avançaient bien. Or, lors du passage à l'exécution, les professionnels ont été éliminés. C'est là encore une forme de contradiction.

Quant à changer de politique en cours de route, c'est très difficile. La tentation d'un gouvernement est de rester droit dans ses bottes, de peur de troubler davantage l'opinion publique en changeant de politique.

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